Le poète Admin
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| Sujet: Île de la Réunion : le pompier pyromane jugé en cour d'assises Mer 3 Fév - 22:15 | |
| À la Réunion, le mythe du pompier pyromane a un visage. Celui rond et jovial de Patrice Nirlo, 47 ans. Cet ex-sous-officier du corps des sapeurs-pompiers comparaît aujourd'hui devant la cour d'assises pour avoir provoqué, entre 2010 et 2013, cinq incendies volontaires « de nature à créer un dommage irréversible à l'environnement ».
L'arrestation du caporal-chef Nirlo en février 2014 avait provoqué la stupeur chez ses collègues et dans la population, l'homme avouant être à l'origine des catastrophes écologiques qu'a connues l'île en 2010 et 2011. Deux incendies majeurs qui ont ravagé les forêts d'altitude du massif du Maïdo, espace classé au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco en août 2010.
Le bilan est terrible : 3 500 ha de forêt détruits, la faune et la flore endémiques très fortement impactées, des dizaines d'habitations évacuées, et des moyens considérables déployés pour circonscrire ces incendies. Le deuxième feu du Maïdo (2 700 ha) aura mobilisé jusqu'à 600 pompiers, dont l'accusé, pendant trois mois, et nécessité l'envoi de renforts aériens depuis la métropole. Une centaine de soldats du feu seront blessés dans l'opération. Convaincus qu'il s'agit d'actes criminels, les gendarmes montent une cellule d'enquête dédiée. Pendant des mois, ils ratissent le terrain, entendent des centaines de témoins, étudient des relevés de bornage téléphonique. En vain. Début 2013 : dossiers classés.Il avoue sa fascination pour le feu, née à l'âge de 7 ansMais un nouvel incendie, fin 2013, va mettre les gendarmes sur la trace du pompier Nirlo. Sa description correspond à celle d'un homme vu sur les autres sites alors qu'il est aperçu sur les lieux. Les enquêtes sont rouvertes et l'emploi du temps ainsi que la téléphonie du pompier sont passés au crible. Tout correspond.Auditionné, il avoue sa fascination pour le feu, née lorsque, à l'âge de 7 ans, il met le feu au champ de canne à sucre de ses parents. C'est d'ailleurs la simple boîte d'allumettes de son enfance qu'il a utilisée pour déclencher les feux du Maïdo, choisissant à dessein la saison sèche et des journées venteuses. Il explique aussi ses motivations, dont l'argent ne fait pas partie. « J'avais envie que tous les pompiers soient mis en valeur, moi également », déclare-t-il durant l'instruction. L'enquête démontre en effet qu'il prenait soin d'alerter des journalistes quelques minutes seulement après avoir mis le feu.
Chez les pompiers, c'est le choc. Celui qu'ils surnomment l'Encyclopédie, tant sa connaissance du feu impressionne, est un élément méritant et apprécié. « Il y a un sentiment de trahison, qui a atteint le moral des troupes », explique Alain Rapady, l'avocat du Sdis 974.Le préjudice se chiffre en dizaines de millions d'eurosC'est la première fois qu'un Sdis sera partie civile à un procès pour incendie volontaire. Aux côtés du parc national, du conseil départemental et de l'Office national des forêts (ONF), il exposera les frais engagés dans ces interventions. Le préjudice se chiffre en dizaines de millions d'euros. Sans oublier les conséquences pour la nature. « Il faudra vingt ans pour restaurer le milieu », explique Anaïs Ayache, pour l'ONF. L'avocate voit dans ce procès l'occasion de faire reconnaître « le préjudice environnemental », notion qui pourrait être inscrite au Code civil dans le cadre du projet de loi relatif à la biodiversité discuté actuellement à l'Assemblée.
Le pompier Nirlo, dont le procès est une première judiciaire, encourt quinze ans de réclusion. Verdict attendu vendredi.
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