Les Andelys [Faits divers] 20 ans de prison pour le meurtrier de Clara LouviersVingt ans de réclusion criminelle. C’est l’épilogue du drame qui s’est déroulé le 28 octobre 2013, dans une maison du hameau de Villers, aux Andelys. Christophe Jean-Jacques, un homme de 56 ans, avait tué sa compagne Clara Louviers, 38 ans, de plus de vingt coups de couteau.
Le défilé des témoins, qui se présentent devant la cour d’assises de l’Eure pendant trois jours, permet d’abord de reconstituer le contexte du meurtre. Christophe Jean-Jacques et sa compagne, tous deux originaires de Guadeloupe, vivaient ensemble depuis sept ans. Lui était peintre en bâtiment dans la région parisienne, elle agent technique dans un collège de Cergy, et ils s’étaient installés dans la maison des Andelys, où ils avaient eu une fillette âgée de 4 ans au moment du drame. Un drame auquel la malheureuse enfant a assisté.
Violente séparationEn octobre 2013, il y avait plusieurs mois que le couple « ne marchait plus ». « Elle avait peur de lui », déclare à la barre une sœur de Clara Louviers, en décrivant le comportement inflexible et austère du quinquagénaire à la silhouette sèche, portant une barbe grisonnante taillée en pointe, qui se tient dans le box des accusés. En septembre, la femme était donc partie. Elle s’était réfugiée chez une amie à Gisors.
L’annonce de la rupture avait donné lieu à plusieurs scènes ayant nécessité l’intervention des gendarmes. Dans ces cas-là, s’emparant d’un couteau (lors de son interpellation il y en avait trois dans sa voiture, ainsi qu’une serpette) Christophe Jean-Jacques menaçait de mettre fin à ses jours, pour inciter Clara Louviers à revenir sur sa décision de le quitter. D’autre part, la veille du meurtre, la femme avait retrouvé sa voiture à demi incendiée, et elle accusait son compagnon d’en être l’auteur.
22 coups de couteauLe jour des faits, accompagnée de l’amie chez qui elle résidait, du fils de celle-ci et de sa propre fillette, Clara Louviers était revenue aux Andelys pour récupérer des affaires. Elle avait prévenu son compagnon par téléphone une heure avant. Il était donc là quand la femme est montée avec sa petite fille à l’étage.
Quelques minutes plus tard, aux alentours de 20 heures, l’amie et son fils ont entendu des cris. Puis ils ont vu Christophe Jean-Jacques quitter la maison avec, se souviennent-ils, « un air méchant ». Ils se sont précipités à l’étage. Clara Louviers gisait, couchée sur le dos, dans une mare de sang.
Le médecin légiste dénombrera vingt-deux coups de couteau portés sur toute la partie haute du corps. La victime a succombé aux hémorragies en quelques minutes. Quant au meurtrier, il a été retrouvé tout près de là trois heures plus tard, dans sa voiture, en état de choc.
AcharnementPendant les débats que préside Bernard Delache, comme au cours de l’instruction judiciaire, Christophe Jean-Jacques ne nie pas avoir tué sa compagne. Mais il continue à changer la version des faits. Il essaye de faire croire qu’il aurait trouvé la victime avec le couteau à la main, et qu’il l’aurait tuée après l’avoir désarmée. Puis il affirme qu’il aurait en fait pris l’arme sur une armoire pour menacer de se « planter » lui-même. Sa femme lui aurait alors enlevé le couteau, avant qu’il ne le reprenne et se jette sauvagement sur elle.
Assistant la famille de Clara Louviers, Me Fatna Bellencontre rejette toutes ces circonvolutions. Pour l’avocate, l’accusé, prévenu de la visite, attendait sa victime le couteau à la main. « Avec leur séparation, son monde s’est effondré », plaide de son côté Me Bruno Questel, défenseur de Christophe Jean-Jacques, pour expliquer la réaction de l’homme qui s’était beaucoup investi, dit-il, dans leur vie de couple.
Pour l’avocat général Marie Le Gall, rien ne saurait toutefois justifier le meurtre, et surtout l’acharnement avec lequel il a été commis. Devant les jurés, elle martèle vingt-deux fois son pupitre de la main. Faisant durer le temps pendant lequel Christophe Jean-Jacques a frappé d’autant de coups de couteau la femme allongée au sol, elle amène la cour d’assises à la réalité de gestes, contre lesquels elle requiert vingt ans de réclusion criminelle. La peine qui est finalement prononcée.
NB. Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.