Le poète Admin
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| Sujet: Paris : enquête ouverte sur le clip de rap violent des collégiens Mer 3 Fév - 22:03 | |
| Paris : enquête ouverte sur le clip de rap violent des collégiensUn clip de rap qui circule sur les réseaux sociaux met en scène des collégiens parisiens mineurs, armés de lames et d'une feuille de boucher. La communauté éducative est en émoi. Couteaux et battes de base-ball exhibés, discours de violence et rimes pas aussi riches que les rêves de « billets violets » (500 €) scandés avec des mines de gangsters : le clip de rap mis en ligne le 2 janvier par un producteur nommé Vision Industry est un modèle du genre, défilé de clichés comme il en existe des centaines sur Internet.
A un détail près : les chanteurs et figurants, qui bombent le torse en agitant une feuille de boucher devant la caméra, sont des collégiens mineurs. A la fin des deux minutes trente-sept de vidéo, les deux têtes d'affiche, Resfa et Dimé (surnoms en verlan de Farès et Mehdi), 14 ans, posent avec des enfants encore plus jeunes qu'eux.
La vidéo, réalisée avec des moyens professionnels pendant les vacances de Noël, a été vue plus de 11 000 fois depuis un mois. Elle a été tournée dans le XVIIIe arrondissement parisien, dans le quartier de la porte de la Chapelle. Une bonne partie des figurants sont scolarisés au collège Daniel-Mayer, un établissement classé en zone d'éducation prioritaire, confronté régulièrement à des problèmes de violence entre les jeunes du quartier et leurs rivaux désignés du XIXe arrondissement tout proche. Il en est question dans la chanson, ode à la baston et à l'argent facile. « Que des coups de machette, ouais, chez nous tout s'achète », rappent les enfants, qui se posent en caïds : « Mes gars sur le rainté (NDLR : terrain en verlan) veulent se faire d'la monnaie sans se faire menotter », scandent-ils. Puis : « Sortez les tarpé (pétards), pas besoin du 9M (arme de calibre 9 mm) pour vous faire cavaler. »
Pour la communauté enseignante du secteur, le clip est la cerise sur un gâteau plutôt amer. L'année scolaire dernière, un jeune de 16 ans a été blessé au couteau sur la place située devant le collège...
Les producteurs « ont fait un prix, parce qu'on est des petits »
Dans l'affaire du clip, « une enquête a été ouverte par le parquet de Paris », explique une source proche du dossier. La responsabilité de la société de production, Vision Industry, doit notamment être éclaircie. Ce label, qui n'a pas répondu à nos sollicitations d'interviews, publie régulièrement sur les réseaux sociaux d'autres clips de rappeurs franciliens, qui mettent en scène leur ego à grand renfort d'armes, de joints, de roues arrière à scooter et de voitures chères louées pour l'occasion.
Pour le clip des mini-rappeurs du XVIIIe, les producteurs « ont fait un prix, parce qu'on est des petits », avance un groupe de collégiens, rencontrés lundi à la sortie des cours. Ils évoquent une somme « entre 100 et 200 € » pour la réalisation de la vidéo. Deux d'entre eux y ont participé comme figurants. « Je n'étais pas avec un couteau, moi, je ne risque rien », précise le plus grand, conscient que l'affaire, qui commence à s'ébruiter, pourrait lui valoir quelques soucis avec sa « daronne » (sa maman, en argot). Les autres, tout à leur idée de « tourner un nouveau clip » et de « passer à la télé », semblent moins au fait des répercussions de leur aventure musicale. Pour eux, le clip est avant tout « un délire ». « Cette vidéo montre ce qui fascine nos élèves »Monter un rocher sur la montagne, mètre après mètre... et le voir dégringoler dès la sonnerie de la fin des cours. C'est un peu l'impression de la direction du collège Daniel-Mayer (Paris XVIIIe), qui a alerté le commissariat après avoir découvert ses élèves singeant des dealeurs, lame à la main, sur Internet. « Cette vidéo montre ce qui fascine nos élèves, il faut absolument regarder la réalité en face et travailler dessus, sans quoi on restera avec deux mondes : d'un côté l'école avec un discours angélique sur la pédagogie et les valeurs républicaines, et de l'autre la culture de la société de consommation », prévient la principale, Catherine Donohue-Weill, arrivée depuis un an dans l'établissement. En colère contre les producteurs « qui ont vendu un service à des mineurs, probablement sans aucune autorisation parentale », la principale condamne « une apologie de la violence », apanage selon elle « d'une jeunesse qui s'ennuie » en plein Paris, au milieu d'un tissu d'associations et de lieux culturels dont elle n'a souvent même pas connaissance.
Le collège, qui a emmené une cinquantaine de ses élèves aux vœux de François Hollande à la jeunesse mi-janvier, multiplie les actions de prévention de la violence, d'insertion par le sport et d'ouverture culturelle. Avec l'espoir que ces gouttes d'eau finissent par détourner les ados de leurs si chères guerres de bandes. | |
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