Meurtre de Marie-Jeanne en Ardèche : perpétuité en appel pour Anthony Draoui
Anthony Draoui a été condamné dans la nuit de mercredi à jeudi en appel à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans par la cour d'assises du Gard pour le meurtre d'une joggeuse de 17 ans en 2011.
La peine s'accompagne d'une mesure de suivi socio-judiciaire pendant 30 ans. En première instance, M. Draoui, âgé de 23 ans, avait été condamné à 30 ans de réclusion assortis d'une peine de sûreté des deux tiers par la cour d'assises de l'Ardèche, le 3 octobre 2014.
La cour d'assises du Gard a suivi jeudi les réquisitions de l'avocat général François Raffin qui avait demandé que la récidive soit retenue, ce qui n'avait pas été le cas en première instance, et que l'accusé soit condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Anthony Draoui a cinq jours pour former un pourvoi en cassation.
Lors de ses réquisitions, François Raffin, qui était procureur de la République en Ardèche au moment des faits, a demandé que la peine «plus jamais ça» soit appliquée à Anthony Draoui pour le meurtre «sauvage» et «gratuit» de Marie-Jeanne Meyer en 2011 à Tournon-sur-Rhône (Ardèche).
«Récidive légale»
Évoquant un délinquant «dangereux pour la société» et n'ayant selon lui «aucun potentiel d'intégration», M. Raffin a appelé la cour à prendre en compte une «récidive légale», faisant allusion à des condamnations à des peines de prison avec sursis quand l'accusé était adolescent.
Pour la défense, Me Alain Riou avait vivement protesté contre ce «changement des règles du jeu» en appel.
Dans sa plaidoirie, Me Riou avait souhaité «une sanction juste et humaine». La dérive violente d'un enfant maltraité devenu meurtrier est «surtout une faillite de la société que vous représentez», a-t-il lancé à l'adresse de l'avocat général. «Ce garçon n'a pas seulement été privé de dessert, il a été privé de tout, il n'a connu que des coups... Ca n'excuse pas mais ça explique comment il en est arrivé là.» «C'est un réquisitoire qui ne me permettra pas d'évoluer, qui va m'enfermer non seulement dans une cellule mais dans un costume de monstre», a déclaré Anthony Draoui, en s'adressant une dernière fois à la cour avant qu'elle ne se retire pour délibérer. «J'ai besoin d'aide, pas que l'on me bannisse.»
Dans son réquisitoire, l'avocat général a souligné la «sauvagerie» du meurtre et «l'acharnement à achever, détruire et faire disparaître Marie-Jeanne», dont seuls le tronc et le visage brûlés avaient été retrouvés au fond d'une fosse trois jours après sa disparition le 18 juin 2011.
«Une agressivité croissante»
«On n'est plus en face d'un simple meurtre mais d'un massacre», a-t-il lancé alors que l'accusé a toujours nié tout démembrement de la victime.
Le procès en appel avait auparavant mis en lumière la dérive croissante d'un enfant maltraité vers la violence extrême. Le jeune accusé a grandi dans un contexte de violence et d'abandon, marqué par une mère devenue toxicomane, alcoolique et prostituée après avoir subi un inceste.
Ballotté de foyers en familles d'accueil, Anthony Draoui quitte le système scolaire à 13 ans, sans avoir, dit-il, «rien appris, aucune valeur, aucun métier».
Insistant sur le fait que le père de la victime était aussi un «enfant de la Ddass, ballotté de foyers en famille d'accueil», Me David Metaxas, pour les parties civiles, a martelé lors de sa plaidoirie: «Lui n'a pourtant tué personne». Les experts décrivent une «agressivité croissante» du jeune homme à l'adolescence. En pleine ambivalence, il ne supporte pas d'être séparé de sa mère, tout en disant «stocker» sa «haine» contre elle.
Incendie d'une école maternelle en 2006, vols avec violence sur des femmes âgées ou handicapées, puis, peu avant le meurtre de Marie-Jeanne Meyer le 18 juin 2011 à Tournon-sur-Rhône, tentative d'étranglement de sa mère en mars 2011. En mai 2011, il embrasse de force une passagère dans un train.
Fin mai, il est à la rue, laissant un appartement dévasté et se réfugiant dans la montagne à Tournon, où il tuera Marie-Jeanne.